Actualite 2026
JE SUIS ETE
- mise en scène : cécile arthus
- texte de catherine monin
création 2026
théâtre
En recherche de partenariats
mise en scène
Cécile Arthus
texte
Catherine Monin
vidéo et réalisation filmique
en cours
lumières
en cours
sons
en cours
costumes
en cours
scénographie
en cours
production
Oblique compagnie
distribution
en cours
coproductions, soutiens en résidence, préachats (en cours)
Espace 110 – scène conventionnée « art et création » d’Illzach
soutiens financiers (en cours)
La compagnie bénéficie de l’aide au conventionnement de la DRAC, de la Région Grand Est et du Département de la Moselle.
La SPEDIDAM
Artcena
pièce pour 2 interprètes
à partir de 12 ans
durée 1h15
En préambule
CATHERINE MONIN est autrice et comédienne.
Ces pièces visitent à la fois notre faculté à épouser ce monde et à ressentir envers lui une inadaptation récurrente.
Son écriture résolument dramatique s’attelle à dépeindre, par petites touches, des sensations de l’ordre du quotidien, d’où s’échappe une force poétique.
Par le télescopage des mots et des images, par ses raccourcis de la langue, par son autodérision, elle nous amène, d’une façon très étonnante, à regarder ce qui nous entoure d’un œil vraiment neuf.
Ainsi, elle renouvelle les imaginaires et ouvre de nouveaux horizons.
Avec JE SUIS ÉTÉ, ELLE nous INVITE À REGARDER LA VIEILLESSE EN FACE, ET LES CORPS QUI N’ONT PLUS VOIX AU CHAPITRE …
De quoi parle Je suis été ?
Je suis été, c’est un monologue, celui de Colette, une femme très âgée. Elle y raconte son quotidien et, entre autres, la métamorphose et l’effondrement de son corps féminin.
Mais il y a chez Colette une force, un secret, une chose indéfectible : c’est son amour absolu de la vie …
D’ailleurs, si Catherine Monin a décidé d’appeler ce personnage Colette, ce n’est évidemment pas un hasard. Il y a bien un lien subliminal et porteur de sens avec l’écrivaine inclassable, prolixe, bisexuelle, gourmande et insatiable que l’on connaît.
Quel a été, pour toi, le point de départ du travail ?
Le point de départ de mon travail, sur ce spectacle, a été d’imaginer une situation théâtrale en lien avec la pièce qui soit originale et captivante.
Un contexte à la hauteur du personnage, qui permette aux spectateurices d’entendre, de manière haletante, un point de vue, une histoire singulière, une langue, une écriture.
As-tu déjà travaillé avec l’autrice Catherine Monin ?
J’ai travaillé très étroitement avec Catherine Monin sur sa précédente pièce Polywere. Le spectacle de cette pièce se créera d’ailleurs à l’Automne prochain et tournera sur toute la saison 24/25.
Tout comme dans Je suis été, nous sommes dans Polywere, face à un personnage hors norme, porteur d’une langue singulière, qui n’appartient qu’à lui.
Nous avons beaucoup échangé car nous avons la même façon d’envisager l’approche des textes contemporains théâtraux dits poétiques.
Pour Catherine et moi, il est primordial que la mise en scène reste une parole vivante au service de l’histoire et des situations de jeu. Inutile de « colorer » la partition d’une sorte d’exaltation lyrique, hors sol. Le jeu de l’acteur « au service d’une langue » doit rester sensible, fluide, et concret.
Comment le projet a-t-il pris forme ?
Catherine Monin m’avait transmis son texte avant sa parution en 2023. Sa lecture a été pour moi un coup de cœur immédiat, et l’envie d’un travail est devenue évidente. Je souhaitais partager ce texte, car au-delà de la langue, le monologue de Colette fait joyeusement exploser, sans les nier, les représentations que l’on peut parfois se faire du grand âge de la vie. Catherine nous raconte, dans Je suis été, une histoire particulière, intime, qui nous invite à repenser les modèles collectifs sur lesquels nous construisons nos représentations de la femme âgée, qui sont souvent des modèles négatifs et stéréotypés.
Plus jeune, dans le cadre d’un passage en Institut de formation en soins infirmiers et d’un mémoire sur les soins palliatifs, j’ai accompagné de nombreuses personnes très âgées, beaucoup de femmes d’ailleurs. A chaque fois, la relation, même très sommaire, que j’établissais avec chacune d’entre elles me semblait hors norme.
Malgré les silences et leurs facultés diminuées, les moments quotidiens passés avec ces personnes à leur domicile étaient d’une grande intensité.
C’était tantôt joyeux et tantôt pathétique mais c’était à chaque fois pleinement la vie. Plus tard, et encore aujourd’hui, bénévolement, je continue de visiter les personnes du grand âge et, comme l’écrivaine Régine Detambel, je pense que cet âge de la vie est trop peu pensé, [et que] l’on ne sait finalement pas grand-chose de cette période qu’est la « vieillesse ». On ne sait presque rien des super-adultes, et nous les regardons toujours à travers le prisme d’une construction culturelle qu’il est important aujourd’hui de questionner.
Quelle sera donc la situation théâtrale que tu mettras en scène ?
Contrairement à ce qui est proposé dans le générique de la pièce, Colette ne sera pas seule en scène. Il y aura, non pas un personnage, mais deux, deux femmes à deux âges différents de leurs vies.
L’une à 30 ans, elle est agente agréée par un organisme social de l’état et l’autre, c’est notre Colette, 90 ans, femme sous contrainte mais qui malgré un nombre inqualifiable de difficultés a fait le choix de continuer de jouir du moment présent dans tout ce qu’il a de dérisoire.
Ce huis clos se passera dans le salon désordonné, dépouillé, non conforme et en friche de la vieille dame.
La jeune femme a été missionnée par la famille de Colette pour établir son score GIR. Ce score a pour fonction d’évaluer selon une grille, le niveau de perte d’autonomie des personnes âgées. Il permet d’envisager, entre autres, le type d’établissement spécialisé dans lequel la personne peut être placée. C’est le cas pour Colette, mais ça, elle ne peut pas l’accepter, et elle en a encore la force…
Le spectacle va donc mettre en scène la prise en otage de cette agente par Colette avec l’aide d’un vieux colt retrouvé dans un tiroir …
Seule Colette aura droit à la parole. Le reste se racontera entre les deux femmes dans les silences, les regards, les rapprochements et les non-dits.
Quelle sera donc la situation théâtrale que tu mettras en scène ?
Contrairement à ce qui est proposé dans le générique de la pièce, Colette ne sera pas seule en
« D’ABORD NOUS VIVONS NOTRE JEUNESSE ENSUITE NOTRE JEUNESSE VIT EN NOUS, J’AURAIS AUJOURD’HUI ENCORE BIEN DU MAL À EXPLIQUER MIEUX QU’AUTREFOIS CE QUE JE VOULAIS DIRE ;
MAIS J’AVAIS VRAIMENT PEUR DE NE PAS ATTEINDRE L’ÂGE DE VIVRE CETTE EXPÉRIENCE.
JE LE SAVAIS PROFONDÉMENT, UNE LONGUE VIE AVEC TOUTES CES PEINES VAUT D’ÊTRE VÉCUE MÊME AVEC L’INÉLUCTABLE DÉCHÉANCE PHYSIQUE QUI L’ACCOMPAGNE.
PAR-DELÀ DES DÉBOIRES, LA VIEILLESSE ACQUIERT BIEN PLUS QUE LA FAMEUSE APTITUDE À LA SÉRÉNITÉ ET À LA LUCIDITÉ. ELLE PERMET L’ABOUTISSEMENT DE LA DURÉE À UNE PLÉNITUDE PLUS ACHEVÉE. »
LOU ANDRÉA SALOMÉ – ÉCRIVAINE ET PSYCHANALYSTE,
DANS UNE LETTRE À FREUD DU 16 MAI 1934